Ce à quoi je fais face s’efface, ce à quoi je résiste persiste.
Résister ou faire face.
On parle ici de l’art d’accueillir chaque chose.
C’est voir comment je réagis face à ce que je rencontre.
C’est voir comment, parfois, je me sens bousculé, blessé, agressé, humilié, abandonné, submergé ou anéanti.
Faire face ou résister.
Accueillir ou se défendre.
Il ne s’agit pas, comme on pourrait le penser, de faire face ou de résister à la situation qui se présente.
Parce que réagir n’est pas un choix. Cela surgit à la vitesse de l’éclair. L’instant d’avant tout va bien et l’instant d’après je suis happé dans un tourbillon d’émotions et de réactions.
Ma liberté est de voir mes réactions, de sentir mes émotions, et d’observer, dans l’instant ou quand le calme est revenu, que je suis prisonnier de celles-ci.
C’est à cela que je dois faire face. A mon impuissance de décider de mes réactions et de mes émotions.
Si je pense que je peux changer par la volonté, c’est-à-dire en résistant, en refusant ma réaction et mon émotion, c’est peine perdue, je serai toujours vaincu.
Je ne peux changer qu’en accueillant mon impuissance de changer.
Quand je me laisse toucher par cette vision de mon impuissance,
quand je vois la folie de vouloir lutter contre l’inévitable, j’embrasse avec amour ce que je suis, comme unique expression de la vie en cet instant.
Alors le changement devient possible.
Dans le Yoga du Cachemire, je fais face à ma jambe, à mon bras, à mon épaule. Je fais face à ce corps empli de résistances, de tensions, de peurs. Je fais face à moi-même.
Lorsque je veux autre chose que ce qui est là, je me heurte à un mur. Je vais me battre, et je serai toujours vaincu. Comme dans la vie, je dois me rendre compte que ce qui est là est là pour moi, pour que je vois en un seul instant que là où se trouve ma résistance se trouve aussi ma liberté.
Demain il sera trop tard. Hier n’existe plus. Je n’ai qu’aujourd’hui pour faire face. Lorsque mon bras éprouve des difficultés à se lever, lorsque des tensions deviennent soudain trop intenses dans les épaules, je fais face à ce qui est là, non pas pour le changer mais pour voir qu’il n’y a rien à changer pour être tranquille.
Le Yoga du Cachemire nous invite à cette écoute, à cet accueil, à ce laisser faire, à se laisser faire, pour finalement se laisser être.